Pourquoi êtes-vous Addict ?

Sexe, alcool, jeu d’argent, tabac … d’une distraction apaisante se révèle une nécessité impérative impossible à contrôler. L’addiction est un plaisir qui a mal tourné, le bien-être ou la détente qui se transforme en obsession et s’accompagne d’une perte de contrôle, peu importe les conséquences.

Le phénomène d’addiction est un trouble de la personnalité et du comportement qui peut rendre très malade, voire entraîner le décès dans les cas les plus graves.

L’Institut Nord-Américain des Drogues, le National Institute of Drug Abuse définit l’addiction comme “une affection cérébrale chronique, récidivante, caractérisée par la recherche et l’usage compulsifs de produits ou d’activités, malgré la connaissance de ses conséquences nocives”.

Grossièrement, l’addiction est une relation de dépendance plus ou moins aliénante pour l’individu, et plus ou moins acceptée voire parfois totalement rejetée par l’environnement social de ce dernier, à l’égard d’un produit (la drogue, le tabac, l’alcool, les médicaments, …) ou d’une pratique (jeu d’argent, achat compulsif, sexe, internet, …).

Pour poser le terme d’addiction, il faut qu’il y ait des conséquences néfastes comme une perte de contrôle totale ou une souffrance et l’impossibilité de stopper l’addiction alors même que la personne le souhaite.

Notons enfin que plusieurs études récentes commencent à mentionner la possibilité d’une addiction à tout ou presque comme le travail, le sport, le sucre, la console de jeu, la musculation, le fast-food, les achats, et bien d’autres excès…

Sommes-nous tous égaux face à l’addiction  ?


Toutes les addictions font appel aux mêmes mécanismes 
Addiction_02cérébraux.

Il s’agit de ceux impliqués dans la gestion du plaisir et des émotions (la fameuse dopamine). Alcool, cocaïne, jeux d’argent etc. opèrent un véritable “hold-up” de ces voies de la motivation et nous poussent à assouvir notre plaisir avant tout le reste.

Pour le professeur Michel Reynaud (Président du Fonds Actions Addictions créé en 2014, et fondateur du portail Addict’Aide), Nous ne sommes pas égaux vis-à-vis du risque d’addiction. Il existe d’un côté des personnalités à risque, que l’on retrouve dans à peu près toutes les addictions. Ce sont les chercheurs de sensations fortes, ceux qui ont besoin de prendre des risques et qui vont essayer toutes sortes de substances. De l’autre côté, il y a des personnes qui vivent une souffrance personnelle, un malaise, des difficultés dans les relations avec autrui, avec une mauvaise image d’eux-mêmes qui se trouve améliorée par des produits. Ceux-ci les apaisent, leurs permettent de se sentir à l’aise et de répondre aux sollicitations sexuelles et sociales.

Quels sont les grands facteurs de risque de la pathologie addictive ?


Toutes les conduites addictives partagent les mêmes facteurs de vulnérabilité
. L’émergence d’une conduite addictive se situe à l’interaction de trois facteurs : l’individu, son environnement socio-culturel et l’objet de la dépendance (comportement ou substance psycho-active).

C’est la célèbre formule de Claude Olivenstein, selon laquelle la toxicomanie est la rencontre d’un produit, d’une personnalité et d’une circonstance ou d’un moment culturel.

Il exprimait, par cette phrase, l’existence d’effets de sommation et de résonance de facteurs et fragilités multiples, individuels et collectifs, en proportion chaque fois différente et singulière.

L’existence de points communs entre les différentes dépendances fait que les sujets peuvent passer d’un objet d’addiction à un autre au cours de leur vie, avec parfois une sorte d’auto-substitution d’un produit par un autre.

Les facteurs de risque liés au produit (substance):

Les substances psychoactives modifient toutes les Addiction_03manières de se percevoir et de percevoir le monde.
Elles agissent directement sur le cerveau en modifiant le comportement, les humeurs, les perceptions et l’activité mentale des utilisateurs
.

Elles possèdent toutes en commun des actions sur les systèmes régulateurs des émotions et du plaisir en agissant sur le circuit de la récompense.

Ce circuit de la récompense est complexe, impliquant différentes structures du cerveau, mis en jeu dans la satisfaction de besoins vitaux (alimentation, reproduction, etc…) par la libération de dopamine dans certaines zones du cerveau.

Lorsque la conduite de dépendance est installée, elle est identique dans ses mécanismes biologiques et dans son expression comportementale, quelles que soient les substances qui l’ont induite. Les personnes dépendantes le savent bien: lorsque leur produit de prédilection vient à manquer, elles ont recours à une stratégie de substitution par d’autres substances.

Pour retrouver constamment cet état de satisfaction, l’individu en vient donc à consommer plus.

Les facteurs individuels (lié à la personne):

  • La génétique. Les gènes expliquent 40 à 80 % de la variance inter-individuelle des addictions aux différentes substances. La part génétique est plus importante dans les formes d’addictions plus intenses, à dépendance plus marquée ou plus persistante.
  • L’âge de débutPlus une consommation de substances psychoactives démarre tôt dans la vie, plus le risque d’apparition d’abus d’une dépendance est élevé. Cette règle est applicable à toutes les substances (tabac, alcool, médicaments, etc.).
  • Les troubles de l’attachementOn retrouve chez les sujets addicts des troubles de l’attachement prononcés. Les deux-tiers d’entre eux ont un attachement insécure (anxieux-évitant, anxieux-ambivalent ou désorganisé).
  • Troubles psychiatriquesL’association de troubles psychopathologiques aux conduites addictives est soulignée par de nombreuses études.

Les facteurs environnementaux:

  • Facteurs culturels et sociauxIl est ici question de l’exposition à un produit dans une société donnée. Ce facteur d’exposition peut s’évaluer à partir des quantités consommées d’un produit donné dans une société donnée. Ces données peuvent être affinées par âge, sexe, groupe social, etc. Nous vivons aujourd’hui dans une société dites addictogène, qui pousse constamment à la consommation, du “tout tout de suite”  et à la recherche du plaisir immédiat.
  • Facteurs familiauxIls concernent la consommation du produit (habitudes de consommation ou non-consommation, acceptation ou rejet, interdits religieux…) et le fonctionnement familial : conflits, événements de la vie, etc.
  • L’entourageIl est incontestable que le groupe social des pairs (copains, collègues, etc.), soit par l’usage au sein du groupe, soit par la grande tolérance du groupe aux substances, joue un rôle majeur dans l’initiation à la consommation d’alcool et de drogue à l’adolescence. Cette influence est renforcée ensuite  par le choix du groupe de pairs dans lequel circulent des substances.

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Comment réagir face à l’addiction ?


Les addictions sont un phénomène de société et ont toujours existé. Elles s’installent en fonction de facteurs génétiques, familiaux, sociaux, à partir de produits et de comportements souvent très répandus, dont la consommation est le plus fréquemment autorisée, voire encouragée socialement et par la publicité. C’est le cas en France avec le tabac, l’alcool, mais également le jeu ou l’accès à Internet.

Les méthodes de soins les plus efficaces pour les problèmes de dépendance associent les communautés thérapeutiques, les groupes d’anciens patients et la psychothérapie comportementale et cognitive qui est le mode de traitement le mieux validé par les études scientifiques, et le plus recommandé dans les différentes conférences de consensus.

Ces méthodes sont appliquées en fonction de la théorie des stades.
Durant le stade de précontemplation, elles visent à augmenter la contemplation, autrement dit la reconnaissance du problème de dépendance et la motivation à se soigner.

Durant les stades contemplatif et déterminé, la personne dépendante et presque toujours les proches, souvent avec l’aide d’anciens patients, développent des savoir-faire pour mettre en place l’abstinence.
Les méthodes ont pour objectif de pouvoir faire face aux situations à risque de consommation: par exemple comment refuser un verre d’alcool dans une fête de famille? Mais aussi le développement de comportements agréables et incompatibles avec la dépendance, par exemple la reprise du sport chez un fumeur, et enfin de bien préparer les personnes aux effets du sevrage comme l’état de manque.

Durant le stade de maintenance, les stratégies de prévention de la rechute sont au premier plan et durant les rechutes, le sujet dépendant et ses proches utilisent toutes les informations utiles pour remettre en route un nouveau cycle et un nouvel arrêt des produits.