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Santé et Bien-être

Trois, deux, un … Dormez !

Décriée par le passé, la pratique de l’hypnose et ses mécanismes restent un mystère. Pourtant son efficacité n’est de nos jours plus mise en doute. À tel point qu’elle possède désormais une part importante dans la médecine alternative et possède plusieurs champs d’applications dans le domaine médical.

Le nombre de recherche sur le portail ResaLib (le métier d’hypnothérapeute est le plus référencé) témoigne de l’engouement général sur cette technique ancienne qui revient très fort.

L’hypnothérapie c’est quoi ?

L’hypnothérapie est l’utilisation de l’hypnose à des fins voulues thérapeutiques et signifie très simplement « traiter par l’hypnose ».

Il s’agit d’une technique assez complexe de par ses nombreux mécanismes mais, pour simplifier, son grand principe est de plonger le patient dans un état de conscience modifié, quelque part entre la pleine conscience et le sommeil.

Dans cet état, le patient est ouvert aux suggestions de l’hypnothérapeute, qui l’aide, par la voix, à se focaliser totalement et calmement sur le problème qui l’a poussé à consulter. Il aura ainsi plus de facilités à affronter ses peurs par exemple, ou encore à se rappeler certains événements traumatisants.

L’étude scientifique de l’hypnose en thérapie est en plein essor depuis le milieu du 20ème siècle. De nombreuses études ont permis de mettre en évidence l’intérêt de l’hypnose dans le traitement des troubles psychologiques, mais aussi et plus récemment, dans le traitement de troubles qui paraissaient purement physiques.

Le corps et l’esprit sont intimement liés, et chacun des deux influe sur l’autre, quand le corps va mal, l’esprit va mal aussi, et quand l’esprit souffre le corps souffre également.

Un peu d’histoire. Aux origines de l’hypnose.

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Des Sumériens, aux Grecs jusqu’à la capacité du roi des Francs Philippe 1er à guérir les malades en les touchant, l’hypnose trouve ses sources depuis la nuit des temps.
Dans les traditions anciennes, des guérisseurs ou des chamans ont toujours utilisé des techniques de mise en transe comme outils de guérison.

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Franz-Anton Mesmer (1734-1815)

Dans la société occidentale, c’est  depuis le 18ème siècle que l’on expérimente le potentiel thérapeutique de l’hypnose. 

Elle a été « redécouverte » à cette époque par certain Mesmer (tiens tiens…) médecin Viennois venu à Paris à la fin du 18ème siècle. Mais c’est à un autre médecin, le Britannique James Braid (1837-1910), que l’on reconnaît d’en avoir établi un usage médical fiable.

Après sa mort, le flambeau a été repris par des Français, dont les neurologues Hippolyte Bernheim et Jean Charcot.

En 1955, la British Medical Society reconnaissait à l’hypnose un rôle de procédure médicale. L’American Medical Association faisait de même quelques années plus tard…

Hypnose classique Vs. hypnose Ericksonienne.

… C’est de ce courant qu’est issue l’hypnose classique. Elle fonctionne avec des suggestions directes (les chiens n’attaquent pas l’Homme) qui sont les mêmes pour tous les sujets ayant le même objectif (la phobie des chiens dans cet exemple).
Son utilité est reconnue pour un certain nombre de problèmes comportementaux, comme les phobies, et pour modifier le ressenti corporel.

Depuis le milieu du 20ème siècle, se développe une nouvelle forme de communication sous hypnose. On ne cherche alors plus à éliminer les symptômes, mais à les écouter et à les respecter en demandant leur signification à l’inconscient (qui en saurait beaucoup plus que le conscient).

Son créateur est le psychiatre et psychologue américain Milton Erickson (1901-1980 – Illustration). Il affirmait qu’une structure psychophysique est beaucoup trop complexe pour que quiconque, même le sujet conscient ou le plus grand expert, puisse décider de comment intervenir avec un symptôme. Il proposait donc de solliciter la créativité de l’inconscient et de l’inviter à exprimer ce qui pourrait être changé pour rendre une situation moins difficile.

L’hypnose ericksonienne (On l’appelle aussi souvent « autohypnose ») ne fonctionne pas de façon linéaire, mais a pour vocation de suivre le cheminement de l’inconscient. Elle puise parmi plusieurs techniques de communication afin de provoquer un dialogue entre celui-ci et le conscient : métaphores, recadrage, activation de rêves, suggestions indirectes ou composées, altération sensorielle, etc.

Pour Erickson, “L’hypnose, c’est une relation pleine de vie qui a lieu dans une personne et qui est suscitée par la chaleur d’une autre personne”.

Le psychologue et hypnothérapeute américain Kenneth Saichek écrit de l’hypnose ericksonienne qu’elle serait de type « maternel » tandis que l’approche classique serait de type « paternel ou autoritaire ». Deux modes de fonctionnement propre à la psychologie de chacun.
En hypnose ericksonienne, la suggestion thérapeutique ne consiste donc pas à programmer le patient avec le point de vue du thérapeute mais de laisser au patient le libre arbitre et donc d’apporter par lui-même les solutions.

“Ce n’est pas le thérapeute qui fait la thérapie, c’est le patient. Le thérapeute est un peu comme un entraîneur sportif, il donne des conseils, il guide le patient, lui fait faire des exercices pour développer les ressources qui lui manquent, pour supprimer les blocages, et c’est le patient qui agit. Le thérapeute est là pour aider le patient à développer ses capacités et à dépasser ses limitations. Tout le mérite du résultat en revient au patient. C’est toujours le sportif qui reçoit les médailles, jamais l’entraîneur”.
Milton Erickson

Alors, comment ça fonctionne ?

Dans l’état d’hypnose, l’inconscient occuperait l’avant-plan, laissant en veilleuse le conscient habituellement hyperactif. Grâce à l’expertise du thérapeute et aux techniques de l’hypnothérapie, on pourrait rendre accessibles au sujet des ressources peu exploitées de son cerveau, en activant notamment ses pouvoirs d’autoguérison.

La plupart des théories psychologiques considèrent que de nombreux problèmes personnels et relationnels ont leur source dans l’inconscient. C’est là que sont stockées des centaines de milliers de données qui contrôlent une grande partie de nos existences. Des diktats familiaux ou culturels par exemple, peuvent avoir été tellement assimilés par l’inconscient qu’ils donnent lieu à des « comportements appris » si intégrés qu’ils orientent nos choix de vie pendant des années sans que nous en soyons vraiment conscients.

L’hypnothérapeute invite donc l’inconscient du sujet à se défaire de ses idées nuisibles et à les remplacer par des idées plus justes ou qui correspondent mieux à ses valeurs.

Entre les séances d’hypnose, le sujet est appelé à mener un certain travail personnel, selon le type de problème en cause, parfois avec un enregistrement audio, parfois en auto-hypnose.

Ce travail de renforcement et les suggestions dont l’inconscient continue d’alimenter le conscient contribueraient petit à petit à modifier les comportements problématiques.

De plus, pendant une séance d’hypnose, on pourra créer un « ancrage » qu’il sera possible de réactiver au besoin. Par exemple, une personne qui désire cesser de grignoter entre les repas pourra, pendant l’hypnose, associer le mot stop suivi d’une profonde respiration à un état de satiété et de calme. Plus tard, lors d’une envie démente de bonbons, elle pourra s’arrêter, dire stop, et respirer afin que l’appel intérieur soit transformé, passant de « il me faut des bonbons » à « ça va aller ».

Pourquoi se faire hypnotiser ?

L’hypnothérapie a désormais de nombreux champs d’applications, dont plusieurs ont été reconnus officiellement par l’Institut national de la santé (Inserm) en 2015, en analysant les données de 52 essais cliniques.

L’efficacité de l’hypnothérapie a ainsi été reconnue pour soulager les symptômes du syndrome du côlon irritable par exemple, ou pour combattre le syndrome du stress post-traumatique chez l’adulte. Plus globalement, pour combattre le stress et les angoisses d’origines diverses. Pensez à l’hypnothérapie en cas de phobie par exemple…

En outre, l’hypnose a aussi démontré son efficacité pour réduire l’utilisation de sédatifs et d’antidouleurs au cours de certaines interventions chirurgicales ou de certains examens.

Elle aide aussi à traiter les maladies influencées par le stress (asthme, eczéma, …). On peut également retenir que l’hypnothérapie est utilisée dans de nombreux autres domaines, notamment pour lutter contre les dépendances (tabagisme, alcoolisme, …).

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Toujours en respectant l’intégrité du patient, l’hypnothérapie peut apporter des effets favorables pour de nombreuses pathologies :

En obstétrique pour réduire les douleurs de l’accouchement.

En stomatologie et chirurgie dentaire pour « prendre » le contrôle de la douleur, du saignement, et permettre de mieux lutter contre l’anxiété.

En anesthésie pour diminuer un stress lié à l’opération ou même pour permettre certaines interventions sans recourir à l’anesthésie générale.

En sexologie, neurologie, psychiatrie et même en médecine du sport pour améliorer les performances d’un sportif de haut niveau.

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Le footballeur de renom André-Pierre Gignac dit « Dédé » à recours à l’hypnose pour améliorer ses performances de renard des surfaces.

Comment se déroule une séance ?

Les séances peuvent être très différentes d’une fois sur l’autre. Rien n’est jamais figé et le thérapeute s’adapte bien sûr aux circonstances et aux besoins du patient.
Généralement, une séance d’hypnose dure plus ou moins une heure et comporte plusieurs phases ayant chacune leurs importance.

  • La prise de contact

L’hypnose repose sur la confiance mutuelle entre le praticien et son patient. Pour que l’hypnose fonctionne correctement, le praticien doit prendre en compte les dimensions biologiques, neurophysiologiques, psychiques et socio-économiques de son patient.

La séance débute ainsi par un petit interrogatoire durant lequel le praticien se renseigne sur le problème tout en cherchant à en comprendre le processus. Ensuite, il sera capable, en concertation avec le patient, de déterminer l’objectif de la séance.

  • L’entrée dans l’état hypnotique (L’état de transe)

Le patient est invité par le thérapeute à se détendre. Pour cela, il ferme les yeux ou fixe un point précis dans la pièce. Le praticien quant à lui adopte une voix douce et monotone. Il arrive parfois que certains professionnels utilisent une musique apaisante.

  • L’auto-concentration pour être hypnotisé

Ensuite, le thérapeute demande au patient de fixer son attention sur certaines zones du corps. Cette étape lui permet de se concentrer sur lui-même. Certains patients peuvent être somnolents.

  • Suggestions directes ou indirectes (Le travail thérapeutique)

Une fois que le patient paraît être entré dans un état hypnotique, le thérapeute répète (selon son courant) des suggestions directes, par exemple « votre mal de dos disparaît », ou indirectes comme « vous vous trouvez dans un lieu paisible et agréable ».

  • La sortie de transe

Le patient est réveillé en douceur. Cette progression dans le réveil est nécessaire pour qu’il puisse retrouver l’usage de ses muscles et refaire surface sans ressentir de gêne.

Généralement, après être revenu à un état de conscience, le patient éprouve une sensation de détente et de bien-être.

  • Analyse de la séance d’hypnose

Ensuite, le patient et son thérapeute vont commenter ensemble la séance. Ils vont analyser les résistances, les bénéfices, et déterminer un scénario qui l’aidera à effectuer une transformation intérieure.

Les échecs de l’hypnose.

Mettons tout de suite sur la table que le risque de rester plongé en état d’hypnose est…inexistant!
Le praticien, même le plus doué, ne peut pas vous forcer à commettre un acte que vous refuseriez de faire dans votre état normal.Hypnose_10

En pratique, l’hypnose reste contre-indiquée en cas de maladies psychiques lourdes comme la schizophrénie ou la psychose maniaco-dépressive.

Hormis cela, le principal risque est que l’hypnothérapie ne donne aucun résultat parce que le patient est tout simplement réfractaire à cette pratique. Une hypnothérapie suppose une motivation profonde du patient. Un patient qui vient parce que son épouse l’a poussé à venir a très peu de chances de réussir…

Suis-je hypnotisable ?

L’hypnose est donc un état naturel de transe. Nous faisons tous l’expérience de transe dans notre quotidien comme lorsque nous sommes plongés dans nos rêveries.

La vraie question est de savoir si une personne est facilement hypnotisable ou pas.
En effet, si nous pouvons tous entrer en état de transe hypnotique, nous n’y arrivons pas tous au même degré. Comme pour tout, il y a des personnes douées et d’autres qui ont une capacité de réponse à l’hypnose plus faible.

Certaines études considèrent que 5 % des personnes sont réfractaires à l’hypnose, que 10 % y entrent rapidement et que le reste de la population est moyennement hypnotisable.
Les personnes les plus hypnotisables ressentent de profonds changements des sensations et des perceptions. Les moins sensibles ne répondent pas aux suggestions.

Parfois, l’état de transe hypnotique est difficilement atteignable en raison de diverses conditions. Si certains facteurs nous sont connus, d’autres restent encore un mystère.

Principalement, ce qui empêche une personne d’être hypnotisable est la consultation contre son gré, un a priori de la pratique de l’hypnose, la peur d’une perte de contrôle ou au contraire une volonté trop forte de vouloir être hypnotisé.

Parfois, le problème ne vient pas de la personne qui souhaite être hypnotisée, mais de la méthode employée par le praticien. En effet, on recense une centaine de techniques d’hypnose. L’échec d’une séance peut s’expliquer par un état psychologique défavorable ou par une méthode inappropriée.

Il ne faut pas se décourager et persévérer, soit en continuant les séances, soit en changeant d’approche thérapeutique.

Responsable communication & Journaliste web. Rédactrice en chef du blog LaMedecineDouce.com depuis 2014. Sophrologue par passion.