Dès l’ouverture, l’équipe Resalib pose le décor : ce webinaire s’inscrit dans une actualité forte, puisque la santé mentale est devenue une grande cause nationale, prolongée sur 2026 pour consolider le travail engagé. L’objectif de la rencontre est clair : donner un cadre aux praticiens du bien-être, rappeler les limites à ne pas franchir, et partager des repères concrets pour accompagner la charge mentale de manière juste, sécurisée et crédible, notamment aux côtés des professionnels de santé.
Santé mentale : une cause nationale, quatre axes, une responsabilité collective
Le webinaire démarre par un rappel des quatre grands objectifs associés à la grande cause nationale : déstigmatisation, prévention et repérage précoce, amélioration de l’accès aux soins, et accompagnement des personnes concernées dans toutes les dimensions de la vie (dont l’entreprise, la formation et l’emploi).
Très vite, Sonia Fischmann insiste sur l’enjeu central de la déstigmatisation. Pendant longtemps, la charge mentale a été associée à une forme de faiblesse ou d’incompétence : “si je fatigue, c’est que je ne gère pas”, “si je suis dépassé, c’est que je ne suis pas à la hauteur”. Or, selon elle, la réalité est surtout sociétale : rythme accéléré, injonction de performance, hyperstimulation. Résultat : la charge mentale devient un vécu partagé, transversal, qui peut toucher tout le monde, à des moments différents.
Alexandra Attalauziti complète : déstigmatiser, c’est aussi comprendre qu’un premier soulagement peut venir d’une écoute simple, humaine, active. Elle rappelle qu’on peut tous être “acteur” pour aider un collègue, un voisin, un proche, parfois juste en offrant un espace d’expression sans jugement. Mais dès qu’il s’agit d’accompagnement structuré, la question de la place de chacun devient centrale.
La frontière essentielle : diagnostic médical et accompagnement pluridisciplinaire
Le point d’équilibre du webinaire se situe là : la santé mentale nécessite un diagnostic, et ce diagnostic appartient aux professionnels de santé (médecins, psychiatres). Alexandra le rappelle sans détour : le bien-être n’est pas là pour “faire à la place”, mais pour compléter.
Dans la logique présentée, le parcours “idéal” repose sur une coopération. Une fois un diagnostic posé et, si besoin, une prise en charge mise en place (médicamenteuse, psychologique, psychiatrique), les professionnels de l’accompagnement peuvent intervenir pour soutenir le mieux-être : outils d’autonomisation, gestion du stress, régulation émotionnelle, meilleure hygiène de vie, détente corporelle, sommeil, etc.
Cette position est aussi une protection. Protection de l’usager, d’abord, qui ne doit pas se retrouver dans une situation où un accompagnement non médical retarde une prise en charge nécessaire. Protection du praticien ensuite, car l’ambiguïté sur la promesse ou le champ d’intervention expose à des risques déontologiques et juridiques. Une idée revient avec force : attention à ce qu’on affirme, attention aux mots, attention à ce qu’on laisse croire.
Dispositif MonPsy : où se situent les praticiens du bien-être ?
À propos du dispositif MonPsy, les intervenantes rappellent qu’il concerne les psychologues et une prise en charge par l’Assurance Maladie dans un parcours précis. Les praticiens du bien-être n’y sont pas intégrés directement, mais peuvent jouer un rôle complémentaire : informer les personnes de l’existence du dispositif, encourager à consulter quand c’est pertinent, et accompagner le vécu corporel et émotionnel autour de la charge mentale.
Sonia met l’accent sur un point souvent négligé : la charge mentale somatise. Gorge qui se serre, dos qui se tend, fatigue, tensions diffuses… Le corps devient le lieu d’expression. C’est précisément là que des disciplines comme la réflexologie, mais aussi d’autres approches de bien-être, peuvent soutenir le retour au relâchement, sans jamais se substituer au suivi psychologique ou médical.
Le message adressé aux praticiens est très concret : allez au contact des psychologues, construisez des liens, faites-vous connaître comme ressource complémentaire. L’idée n’est pas d’opposer les approches, mais de créer un réseau.
Quand réorienter, et pourquoi le cadre protège tout le monde
Une séquence du webinaire est consacrée aux signaux d’alerte. Sonia décrit des situations typiques : stress chronique installé depuis plusieurs mois, fatigue grandissante, tensions musculaires persistantes, troubles du sommeil, sensation d’épuisement mental, émotionnel et physique. Dans ces cas-là, le réflexe doit être la sécurisation : encourager une consultation médicale, écarter une pathologie, et s’assurer que la personne est suivie.
Alexandra va plus loin sur le plan déontologique : il peut arriver qu’un praticien doive refuser de continuer tant que l’usager n’est pas accompagné par un professionnel de santé. Cela peut sembler abrupt, mais l’intention est protectrice. Selon elle, poursuivre sans cadre médical quand la situation l’exige expose l’usager à un risque, et le praticien à une responsabilité qui ne lui appartient pas.
Sonia nuance en ajoutant une clé relationnelle : réorienter ne signifie pas “rejeter”. Il y a un temps d’explication à prendre. Pour certaines personnes, “aller voir un psy” reste chargé de représentations négatives. Le rôle du praticien peut aussi être éducatif : expliquer ce qu’un suivi psychologique peut apporter, aider la personne à formuler clairement ses symptômes lors de la consultation, et rester disponible en complément une fois le diagnostic posé.
Normalisation AFNOR : professionnaliser sans médicaliser
Le webinaire aborde ensuite un sujet structurant : la normalisation, notamment la norme réflexologie publiée en juillet 2025. Sonia explique l’intérêt de cette norme : elle met en lumière la qualité de la prestation, encadre les pratiques, et clarifie le vocabulaire. L’objectif n’est pas de médicaliser la réflexologie, mais au contraire d’éviter la confusion.
Un exemple frappant revient plusieurs fois : le terme “anamnèse”. Les intervenantes recommandent de ne pas l’utiliser, car il renvoie au champ médical. À la place, on parle de bilan (bilan réflexologique, bilan d’accompagnement), destiné à recueillir les informations nécessaires pour proposer une prestation adaptée, vérifier les contre-indications, et orienter si besoin.
Alexandra rappelle aussi que d’autres normes existent ou se construisent, et que ces démarches rassurent les institutions. Pour les organisations professionnelles, être nombreux autour de la table permet de produire un cadre de consensus, et non un document porté par un acteur isolé.
La boîte à outils : écoute, cadre, suivi, indicateurs
Une partie très opérationnelle s’ouvre ensuite, centrée sur l’écoute. Alexandra formule une idée forte : l’écoute représente une immense partie de la pratique, et pourtant beaucoup de praticiens doutent de sa légitimité, notamment au moment de facturer. Elle insiste : on ne “perd pas du temps” quand on écoute, on crée les conditions de la qualité. Mais elle encourage aussi à continuer à se former pour garder un positionnement clair, revisiter ses repères, et progresser dans sa posture.
Sonia ajoute un point délicat mais essentiel : quand l’expression émotionnelle devient très envahissante en séance, il faut poser un cadre pour ne pas glisser vers un rôle de psychologue par substitution. Elle propose une méthode simple : verbaliser ce cadre, dédier un temps d’écoute défini, puis revenir à l’outil du praticien (réflexologie, respiration, etc.). Le message est net : l’écoute aide, mais l’outil de la discipline reste ce qui amène au relâchement et au mieux-être.
Les intervenantes insistent ensuite sur l’importance du suivi. Sortir d’un rendez-vous sans proposition de continuité est souvent contre-productif, surtout dans les problématiques liées au stress et au sommeil. Proposer un accompagnement progressif, expliquer les objectifs réalistes, et utiliser des indicateurs permet de donner un cap.
Sur ce point, Alexandra encourage l’usage d’échelles simples (stress, vitalité, sommeil, etc.), non seulement pour la qualité, mais aussi pour valoriser les progrès. Voir son évolution, constater ses changements, devenir fier de ses actions : cela participe au mieux-être.
Réflexologie : une photographie chiffrée de la charge mentale
Sonia partage ensuite des résultats issus d’études observationnelles menées sur environ 3 500 séances entre 2024 et 2025. Les chiffres présentés soulignent l’ampleur de la demande liée à la charge mentale : les motifs de consultation se concentrent massivement autour du stress, de la fatigue, des troubles du sommeil, de l’épuisement, avec une forte présence de tensions émotionnelles et de tensions physiques liées au stress.
L’idée n’est pas de transformer ces chiffres en promesse miracle, mais de montrer une réalité de terrain : les personnes cherchent des espaces de relâchement, et lorsque la situation est sécurisée (pas de pathologie non encadrée), les pratiques de bien-être peuvent contribuer à diminuer les tensions, améliorer la sensation de détente, et offrir des outils d’autonomisation (gestes d’auto-stimulation, routines, etc.).
Alexandra saisit ce moment pour rappeler un autre point clé : le besoin de preuves. Elle encourage les praticiens à s’appuyer sur la littérature existante, sur des études observationnelles, sur des publications disponibles, notamment lorsqu’ils dialoguent avec des professionnels de santé ou des décideurs. Elle mentionne aussi une étude scientifique pilotée côté SPN sur la qualité de vie et les techniques de naturopathie, en soulignant l’importance de documenter l’efficacité sans jamais confondre les rôles.
Naturopathie : hygiène de vie, alimentation et soutien du mental
Sur la naturopathie, Alexandra décrit un accompagnement orienté compétences : apprendre à mieux manger, mieux bouger, mieux respirer, mieux s’écouter. Dans le cadre de la charge mentale, elle évoque des leviers concrets : équilibre de l’assiette, compréhension des coups de fatigue, petit-déjeuner plus protéiné, hygiène de vie globale.
Elle mentionne également la possibilité d’utiliser des micronutriments, acides aminés, plantes, champignons, huiles essentielles, mais toujours avec prudence, notamment en cas de traitement médicamenteux. Elle insiste sur une règle de base : ne pas “faire n’importe quoi”, et inviter à valider si besoin avec médecin ou pharmacien.
Là encore, le fil rouge est l’autonomisation : transmettre des outils et aider la personne à observer ses signaux, à ajuster ses rythmes, à expérimenter des actions simples (sieste courte, marche, respiration), dans une logique progressive.
Définir la charge mentale pour mieux la repérer
Avant de basculer sur l’entreprise, Sonia revient sur une définition très parlante de la charge mentale, pour éviter qu’elle reste un concept flou. Elle parle de confusion cognitive, de brume mentale, de difficulté à conceptualiser une tâche ou à prendre une décision, alors même qu’on n’est pas “malade” au sens pathologique. Elle évoque aussi la fatigue, l’irritabilité, l’impression de ne plus réussir à mener ses missions.
Ce passage agit comme un miroir : si ces signes sont là, il est peut-être temps de s’auto-observer et de se demander si l’on n’est pas soi-même en stress chronique. Le webinaire insiste d’ailleurs sur un point rarement dit : les praticiens aussi ont une charge mentale.
Intervenir en entreprise : opportunités 2026, posture et méthode
La dernière partie porte sur l’entreprise. Alexandra met en avant une opportunité : avec la grande cause nationale, les RH seront de plus en plus sensibilisés, et les budgets QVT existent. Les employeurs ont une responsabilité (dont le document unique), et cherchent des solutions pour préserver la santé de leurs équipes.
Pour les praticiens, l’enjeu est de savoir se présenter et structurer une offre. Sonia recommande de ne pas arriver avec une proposition “standard”, mais de commencer par comprendre l’entreprise, ses actions actuelles, ses besoins, et éventuellement proposer un audit ou une phase de cadrage. Elle alerte aussi sur le format : la séance d’une heure est souvent difficile à caser en entreprise, ce qui suppose d’adapter ses modalités.
Les intervenantes évoquent enfin la formation comme levier : intervenir en entreprise peut passer par des actions de formation si le praticien est formateur et respecte le cadre (déclaration d’activité, qualité, etc.). Sur la question des tarifs, Alexandra est ferme : il ne s’agit pas de brader sa valeur. Des ajustements peuvent exister dans le cadre d’un engagement long, mais il n’existe pas d’aide spécifique, et les entreprises savent ce que vaut une action utile pour leurs collaborateurs.
Pour revivre ce beau moment d’échange, voici le replay du webinaire :
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À très bientôt pour un nouveau webinaire inspirant !