La Psychopédagogie : apprendre à apprendre à tout âge

« Il a du potentiel, mais… » « Elle ne se concentre pas. » « Il ne sait pas s’organiser. » « Pourtant, elle travaille beaucoup ! » « Les devoirs, c’est la guerre tous les soirs… » Combien de parents ont entendu ces phrases lors d’une réunion d’école ou les prononcent eux-mêmes, épuisés ? Combien d’adultes en reprise d’études se sentent perdus face à des méthodes qui ne leur parlent plus ? Combien de personnes volontaires et investies ont l’impression de « ne pas savoir apprendre » ?

Derrière ces difficultés se cachent souvent bien plus que de simples lacunes dans une matière. Apprendre ne se résume pas à faire ses devoirs ou à obtenir de bonnes notes. C’est une capacité qui se cultive, s’ajuste et se renouvelle tout au long de la vie. Et parfois, un petit coup de pouce est nécessaire pour retrouver le plaisir et la confiance d’apprendre.

C’est là qu’intervient la psychopédagogie. Un peu comme un « généraliste des apprentissages », le psychopédagogue prend en compte toutes les dimensions qui influencent la façon d’apprendre. Dans ma pratique, je m’appuie sur une approche globale structurée autour de trois piliers : la tête (les fonctions cognitives), le cœur (les émotions, la motivation), et le corps (le contexte de vie, l’hygiène mentale et physique). Mon accompagnement intègre les apports des neurosciences, des sciences cognitives, de la psychologie et de la systémie familiale pour proposer des outils efficaces et adaptés.

Laure-Anne Delisle avec sa patiente

La psychopédagogie : bien plus que du soutien scolaire

Contrairement au soutien scolaire classique qui se concentre sur les contenus à rattraper, la psychopédagogie cherche à comprendre comment et pourquoi une personne apprend comme elle le fait. Elle ne s’intéresse pas seulement au « quoi » apprendre, mais au « comment » apprendre efficacement selon son propre fonctionnement.

La psychopédagogie s’adresse à une vaste palette de profils, à chaque étape de la vie. Les enfants présentant des retards scolaires ou des difficultés persistantes malgré le travail fourni trouvent dans cet accompagnement un espace pour respirer et construire autrement. Les enfants et adolescents neuroatypiques (TDAH, HPI…) ou présentant des troubles des apprentissages (troubles dys…) bénéficient d’un regard bienveillant qui valorise leurs forces tout en travaillant sur leurs fragilités.

Mais la psychopédagogie ne s’arrête pas aux bancs de l’école. Les étudiants en difficulté face aux exigences universitaires, les adultes en reconversion professionnelle qui reprennent des études, ou encore les seniors désireux de stimuler leurs capacités cognitives peuvent tous tirer profit de cet accompagnement. L’apprentissage n’a pas d’âge, et les blocages non plus.

Quand consulter ?

Certains signaux doivent alerter : des devoirs qui s’éternisent sans résultat, un stress intense avant chaque contrôle, une sensation permanente de « ne pas savoir par où commencer », une perte progressive de motivation, ou encore des remarques récurrentes sur le manque d’organisation ou de méthode. Ces difficultés ne signifient ni manque d’intelligence ni manque de volonté, mais souvent un décalage entre la manière dont on demande à la personne d’apprendre et la manière dont elle fonctionne réellement.

Le psychopédagogue ne diagnostique pas – ce n’est pas son rôle. Il observe, évalue les stratégies d’apprentissage, et oriente vers d’autres professionnels si nécessaire. Son intervention vise à identifier ce qui coince, à proposer des outils concrets, et surtout à redonner confiance. Parfois, il suffit d’un déclic, d’une autre manière de faire, d’un espace de respiration dans un parcours scolaire ou professionnel trop exigeant.

L’approche tête, cœur et corps

Cette approche repose sur l’articulation de trois sphères qui influencent les apprentissages. On ne peut pas travailler efficacement sur la concentration d’un enfant sans s’intéresser à son niveau de stress, à la qualité de son sommeil, ou encore à sa posture pendant le travail.

La tête : les dimensions cognitives

Il s’agit principalement des fonctions exécutives, ces capacités mentales qui nous permettent de planifier, d’organiser, de mémoriser, de raisonner, et de nous adapter à de nouvelles situations. Mais aussi l’attention, la concentration, la vitesse de traitement de l’information, ou encore les capacités visuo-spatiales. Le travail en psychopédagogie consiste à identifier ces fragilités et à proposer des exercices adaptés, souvent ludiques, pour les renforcer.

Le cœur : les dimensions émotionnelles et motivationnelles

L’estime de soi, la confiance en ses capacités, la peur de l’échec, l’anxiété de performance… Ces facteurs influencent directement la capacité à apprendre. Un enfant qui se vit comme « nul en maths » ou « incapable de retenir quoi que ce soit » se met lui-même en échec avant même d’avoir commencé. Restaurer la confiance, valoriser les réussites, déconstruire les croyances limitantes, développer les compétences psychosociales : tout cela fait partie intégrante de l’accompagnement.

Le corps : l’environnement et le corps comme outil d’apprentissage

On sous-estime souvent l’impact du contexte physique et du corps lui-même sur les apprentissages. D’une part, l’hygiène de vie joue un rôle majeur : le temps passé sur les écrans, la qualité du sommeil, le rythme de vie, la posture de travail. Les besoins sensoriels – sensibilité au bruit, à la lumière, besoin de bouger – peuvent parfois perturber l’attention en classe et méritent d’être identifiés et pris en compte. La persistance de réflexes archaïques non intégrés peut également interférer avec les apprentissages.

Mais le corps n’est pas qu’un contexte : c’est aussi un outil précieux pour mieux apprendre. Les techniques de recentrage et de relaxation permettent de retrouver une présence à soi favorable à la concentration. Le travail sur les sensations corporelles aide à réguler les émotions et le stress. La dimension sensori-motrice – bouger pour apprendre, manipuler, expérimenter – facilite l’ancrage des connaissances, notamment chez les enfants qui ont besoin de passer par le corps pour intégrer les apprentissages.

Un accompagnement en réseau

Laure-Anne Delisle en séance de psychopédagogie

Cette approche globale nécessite parfois de travailler en complémentarité avec d’autres professionnels. La psychopédagogie n’est pas un substitut aux prises en charge médicales ou paramédicales, elle agit en synergie. Orthophonistes, ergothérapeutes, psychomotriciens, orthoptistes, neuropsychologues, psychologues, graphothérapeutes, kinésiologues, spécialistes en intégration des réflexes archaïques, sophrologues, et bien sûr les enseignants eux-mêmes pour faire le lien avec la classe : on collabore régulièrement avec ces professionnels pour créer des ponts entre les différents accompagnements. Le psychopédagogue peut intervenir en amont d’un bilan pour orienter la famille vers le bon professionnel, ou en aval pour approfondir et mettre en place des stratégies concrètes dans le quotidien scolaire ou familial.

Une progression adaptée

Dans ma pratique, je mets en place une progression pédagogique en trois étapes pour ancrer durablement les stratégies d’apprentissage. D’abord sous forme de jeux, dans un cadre rassurant et ludique où l’enfant ou l’adulte expérimente sans pression. Puis à travers des activités et des exercices ludiques qui commencent à ressembler aux situations d’apprentissage réelles. Enfin, concrètement en lien avec le travail scolaire ou professionnel. Cette approche progressive permet d’ancrer les stratégies dans un contexte sécurisant avant de les transférer aux situations réelles d’apprentissage. C’est en procédant par étapes que les nouvelles compétences deviennent durables et utilisables de manière autonome.

Redonner le plaisir d’apprendre

Apprendre à apprendre : c’est ce que propose la psychopédagogie, à chaque âge de la vie. En prenant en compte toutes les dimensions de la personne – cognitives, émotionnelles, corporelles – elle permet de restaurer la confiance, de révéler les forces cachées, et de remettre du plaisir dans les apprentissages. Que vous soyez parent d’un enfant en difficulté, étudiant en quête de méthodes efficaces, ou adulte désireux de vous réconcilier avec l’apprentissage, la psychopédagogie offre un espace bienveillant pour construire des stratégies sur mesure.

Article écrit par Laure-Anne Delisle / Psychopédagogue et secouriste en santé mentale Jeunes

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